Monique et Michel Pinçon-Charlot ont été longtemps chercheurs au CNRS à Paris. Depuis les années quatre-vingt, ces deux sociologues, qui forment également un couple, ont concentré leurs recherches sur un seul objet d'étude : les riches. Aujourd'hui, ce sont des retraités actifs mais ils n’ont pas levé le pied. Leur dernier livre s’intitule "La violence des riches " et ils multiplient les conférences pour en parler.
La violence des riches, c'est un titre pour le moins tranché et en même temps complètement assumé par ces sociologues très engagés. Leur point de vue, c’est qu’être riche, ce n’est pas seulement avoir beaucoup d'argent. Michel Pinçon-Charlot : " Il y a d’autres formes de richesses qui sont très importantes, comme la culture, le social et les réseaux. Ce sont des éléments important parce que cela renforce le pouvoir par le pouvoir de tous les autres. On dispose d’un carnet d’adresse extraordinaire avec des noms de ministres, d’industriels, de banquiers, d’artistes, des gens qui sont au sommet dans leur secteur d’activité et qui sont vos amis. Ce système engendre un pouvoir qui est bien plus importants que la simple richesse matérielle ".
Un effet mutiplicateur
Pour les deux sociologues, la crise de 2008 a eu effet multiplicateur de la richesse et du pouvoir via les produits financiers qui ont permis des gains importants à ceux qui ont pu les utiliser. Parallèlement, il y a eu un appauvrissement de toutes les autres catégories de la population et en corollaire une augmentation de la violence, mais une violence insidieuse.
Leur exemple: la consommation comme instrument de domination. Monique Pinçon-Charlot : " La transformation des citoyens en consommateurs a été bien conçue pour empêcher le processus démocratique d’être vital, vivant au profit d’une machine que nous percevons comme une dictature qui ne dit pas son nom mais qui en est bien une. Désormais la politique est faite par la Commission européenne, le Fonds Monétaire International, les banques centrales, autant d’instances qui ne sont pas élues par les peuples ".
Prise de conscience
Au-delà du constat, ces sociologues ne proposent pas vraiment de solutions. Ils se positionnent dans l'analyse et la prise de conscience. Au fil du public qu’ils rencontrent lors de leurs nombreuses conférences, ils estiment que la perception de leur vision de la réalité augmente mais pas au point d'arriver à la violence, ni même nécessairement de changer le système.
C’est un constat assez pessimiste avec tout de même une lueur d'espoir comme l’explique Monique Pinçon Charlot : " Je crois de toute façon qu’aujourd’hui avec la planète qui est en état de finitude, cela va être le moment de reconstruire un planète plus juste, plus humaine ".
Michel Visart
La violence des riches.